Quels espaces pour les modes de travail de demain?

Depuis la crise sanitaire et le semi-confinement, le 100% présentiel décline au profit du télétravail et de modes de fonctionnement plus flexibles. Une nouvelle façon de travailler, et de collaborer, qui a un impact direct sur les espaces de bureaux, qui se vident peu à peu de leurs occupants, mais qui semble en parfait accord avec les nouvelles aspirations des collaborateurs.

Dans les journaux, la nouvelle a fait grand bruit. C’est par voie de communiqué très officiel que le Crédit Suisse a annoncé ce qui peut passer pour une petite révolution: désormais, l’un des établissements les plus importants du système bancaire mondial, qui emploie un peu plus de 49’000 personnes dans le monde, dont 13’220 en Suisse, autorise ses employés à déterminer eux-mêmes leur pourcentage de télétravail. Cette décision fait suite à une étude interne qui met en évidence que «de nombreux collaborateurs ont exprimé leur désir de bénéficier de modèles de travail plus flexibles et d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée». André Helfenstein, CEO de Crédit Suisse (Suisse) justifie cette mesure inédite: «Alors que nous nous préparons à un monde postpandémique, nous voulons gagner en flexibilité et en agilité dans notre façon de travailler.»

Des bureaux désertés

Gain de temps, intérêt écologique, meilleure productivité, amélioration de l’équilibre vie privée, vie professionnelle… Le télétravail, autrefois considéré comme exceptionnel est presque devenu une norme, avec laquelle les RH et les dirigeants d’entreprise doivent désormais composer. Et ce malgré les difficultés que cette nouvelle donne peut poser en termes d’organisation, de cohésion d’équipe et de management. Une étude récemment publiée par le cabinet Deloitte Suisse le prouve: 62% des employés suisses souhaitent continuer à travailler une partie de leur temps en télétravail. Ils ne sont en revanche que 26% à souhaiter se passer du bureau à plein temps. Ce qui tendrait tout de même à prouver que la plupart des personnes ne sont pas prêtes à renoncer totalement aux charmes de la vie entre collègues.

Il faut dire que si les employés sont prêts à abandonner leur bon vieux bureau quelques jours par semaine, nombre d’entreprises ne les dissuadent pas, devant la perspective de substantielles économies, bienvenues dans ce contexte de crise. Dans son dernier «Rapport sur le marché suisse de l’immobilier de bureau», le Crédit Suisse constate: «Les entreprises se montrent réticentes à louer de nouvelles surfaces, le recours au télétravail réduit les futurs besoins.»

Préserver le lien social

Alors, de fait, le télétravail peut-il être une révolution dans laquelle tout le monde trouve son compte? Sonne-t-il le glas du monde du travail tel qu’on l’a connu? L’entreprise de demain sera-t-elle totalement dépourvue de bureaux, voire de siège social?

Pour Olivier Cross, directeur de Workplace Strategy, interrogé dans le magazine en ligne Affiches Parisiennes, il faut nuancer: «Sur cette question, la crise nous a fait gagner cinq à 10 ans. Nous assistons vraisemblablement à une mutation sociétale vers de nouveaux modes de travail significativement hybrides, mariant de manière encore plus accrue le virtuel et le physique, le présentiel et le distanciel. La réflexion sur notre façon d’occuper les locaux et de les aménager en est le corollaire inéluctable.»

Un nouvel équilibre

Hybride, le mot est lancé. Pour continuer à cultiver l’esprit d’équipe, à assurer un management d’équipe efficace, à être rapide et agile, la solution serait dans le compromis et dans une manière de travailler qui mêle par exemple télétravail, co-working et bureaux physiques. Qui donne la liberté d’avoir le choix de travailler à la maison lors de tâches qui nécessitent de la concentration puis d’alterner avec un bureau d’un nouveau genre pour celles qui requièrent de la collaboration. Qui s’adapte aussi aux personnalités et aux zones de performance de chacun: ceux à qui l’autonomie donne des ailes comme ceux qu’elle fragilise.

Agilité, adaptabilité… les bureaux de demain sont appelés à mettre l’humain au centre de leur conception en repensant leurs usages. Plus que des place to work, ils doivent se muer en place to meet avec, moins de surfaces de bureaux classiques et plus de zones de convivialité, de créativité et de rencontres et le recours à des espaces flexibles selon leur fréquentation.

4 tendances pour le bureau de demain

 – Le flex office

Dans ce mode de fonctionnement, aucun collaborateur n’a de bureau attitré et chacun peut travailler dans l’espace qui lui convient le mieux selon ses tâches comme une salle de réunion, une cabine de travail, ou même la cafétéria.

Dans le même esprit, le desk sharing, dans lequel on compte moins de bureaux que de collaborateurs oblige les collaborateurs à se partager ces places de travail grâce à un système de turn over.

 – Le co-working

En Suisse, leur nombre n’a cessé de grandir depuis dix ans comme l’explique Mélanie Burnier, membre du comité Coworking Switzerland, dans un article de Courrier International: «En 2019, nous comptabilisions environ 200 espaces de coworking.» Ce système, ultra flexible, offre des conditions de travail agréables et crée des lieux d’échange propices à la créativité. Émanation de ce concept, le corpoworking est un espace de coworking mis en place au sein même d’une entreprise dans lequel se côtoient les collaborateurs et des extérieurs.

 – Le nomadisme digital

Il consiste à travailler à distance tout en voyageant. Un mode de travail qui, selon les chiffres du journal The Guardian, pourrait être adopté par plus d’un milliard de personnes dans le monde d’ici quinze ans.

 – Le bureau intelligent ou smart office

Ce type d’espaces 2.0 offre tout ce qui se fait de mieux en matière de nouvelles technologies pour faciliter le plus possible le quotidien des équipes : Salles connectées, assistants vocaux numériques, bureaux virtuels…  dans le but d’améliorer la productivité, l’engagement et la QVT, soit la qualité de vie au travail.

Dans tous les cas, pour être certain qu’un mode de fonctionnement correspond aux talents de votre entreprise, réaliser leur profil PULSIONS peut donner un sacré avantage. Savoir s’ils seront à l’aise d’agir dans un environnement leur donnant plus ou moins accès à de la Liberté, du Social, de la Sécurité notamment, vous permettra d’anticiper les situations problématiques et de pouvoir y répondre stratégiquement en amont, pour le bien de tous.

«Sur cette question, la crise nous a fait gagner cinq à 10 ans. Nous assistons vraisemblablement à une mutation sociétale vers de nouveaux modes de travail significativement hybrides, mariant de manière encore plus accrue le virtuel et le physique, le présentiel et le distanciel. La réflexion sur notre façon d’occuper les locaux et de les aménager en est le corollaire inéluctable, même si elle doit être considérée dans une échelle de temps plus longue, de l’ordre de 12 à 18 mois, avec une période intermédiaire propice aux tests et au prototypage» explique Olivier Cros. Olivier Cros, directeur Workplace Strategy.