On ne compte plus les formations censées nous apprendre à « mieux gérer notre temps ». Elles proposent souvent des méthodes structurées, parfois très rigides, comme s’il suffisait de suivre une recette pour devenir efficace. Or, l’expérience nous montre qu’il n’existe pas de méthode universelle de gestion du temps, simplement parce que nous n’avons pas tous le même rapport au temps.
Notre relation avec le temps prend racine dans quelque chose de plus profond : notre pulsion fondamentale. C’est elle qui influence, en grande partie, notre façon d’habiter le temps.
Le temps selon PULSIONS
Chaque pulsion exprime un rapport particulier au temps. Certaines le structurent, d’autres s’en affranchissent :
- P (Performance Personnelle) : s’inscrit dans le moyen terme (3 à 5 ans) – planifier, construire, faire avancer les choses
- U (Utilité) : agit aujourd’hui et maintenant – réagir vite, accomplir sans tarder
- L (Liberté) : voit le temps comme une contrainte à contourner – éviter les carcans, préserver son autonomie
- S (Sécurité) : pense sur le long terme (20 à 25 ans) – poser des fondations solides.
- I (Intérêt) : fonctionne sur le court terme (quelques mois) – capter les opportunités
- O (Orgueil) : se projette à travers les générations – laisser une trace, bâtir une réputation durable.
- N (Nouveauté) : est hors du temps – le regard tourné vers l’avenir, l’intemporel
- So (Social) : navigue dans un temps émotionnel, immatériel – se relier à l’autre, selon les besoins du moment.
On remarque que quatre pulsions (U, I, P, Sé) s’inscrivent dans des temporalités classiques en entreprise, de l’immédiat jusqu’au long terme. Les quatre autres (O, So, N, L) s’affranchissent plus ou moins des cadres rationnels : elles envisagent le temps d’une autre manière, plus floue, voire irrationnelle.
PULSIONS nous renseigne également sur ce à quoi nous consacrons le plus volontiers notre temps.
Romane, ou l’élastique du temps
Prenons un exemple concret : Romane.
Cheffe de projet dans une PME, elle propose très souvent son soutien aux autres (So) mais ne dédie que peu de temps (c’est un euphémisme) à la défense de sa réputation (O) ou de ses intérêts propres (I).
Résultat : Romane peut rencontrer quelques difficultés dans sa gestion du temps, car elle entretient avec lui une relation élastique : il passe vite lorsque le climat est amical, lentement dans le cas contraire.
De plus, elle accepte volontiers des responsabilités, aime mener des chantiers à moyen terme, mais sous-estime, voire néglige certains paramètres clés, notamment les aspects liés à la rentabilité et à l’image.
C’est pourquoi elle se retrouve souvent sous la barre des 50, dans la zone orange, là où le temps devient une denrée rare et précieuse.
Mais ce serait une erreur de croire qu’Romane est inefficace ! Comparativement à celles et ceux dont toutes les pulsions s’activent au-dessus de 50, elle possède une capacité précieuse : celle de faire face a des délais courts, voire dépassés, d’agir dans l’urgence, de relever des défis de dernière minute, de retourner des situations qui paraîtraient désespérées pour d’autres.
En cela, elle est redoutable… surtout dans des contextes où la rigueur des plannings vole en éclats.
Repenser le time management
Le modèle PULSIONS nous invite donc à repenser la gestion du temps.
Ce n’est pas tant une question d’agenda ou de méthode, qu’une question de structure intérieure.
Ce que chacun fait de son temps dépend :
- de la manière dont il perçoit le temps,
- et de ce à quoi il accorde spontanément de l’importance.
Apprendre à mieux gérer son temps, ce n’est pas apprendre à être toujours plus rapide.
C’est d’abord comprendre comment on fonctionne, où va notre énergie, et surtout… à quoi on dit oui sans s’en rendre compte.